L'HISTOIRE :
Une très grande famille s'apprête à célébrer le mariage de Bérengère et de Vincent dans le respect des traditions bourgeoises. Le patriarche a en effet insisté pour que les noces se déroulent dans un petit village, au beau milieu de la campagne. Alors que tout s'annonçait pour le mieux, les langues se délient très vite et chacun y va alors de ses remarques, poussant parfois le règlement de compte jusqu'à l'acte physique. Pour beaucoup, voilà donc l'heure de vérité...
Un divertissement total
Denys Granier-Deferre n'est pas un cinéaste très connu du grand public. Pourtant, il est à la tête d'une carrière exemplaire. Si dans un premier temps il débute en tant qu'assistant, notamment auprès de Jacques Rivette, Claude Zidi, Costa-Gavras, Philippe de Broca et même de son propre père (Pierre de son prénom), le jeune Denys finira tout de même lui aussi par se lancer dans la réalisation en signant dès l'année 1982 un film aujourd'hui culte, Que les gros salaires lèvent le doigt !, avec Jean Poiret, Daniel Auteuil, Michel Piccoli et Marie Laforêt. D'une rare cruauté envers le monde du travail (plus que jamais d'actualité), cette comédie permit au cinéaste à l'époque d'obtenir une rapide crédibilité au sein du milieu professionnel. Trois longs-métrages et une série d'oeuvres télévisuelles plus tard, l'homme revient donc cette année en force avec un tout nouveau film, Pièce montée. Enfin !
Conflits générationnels
Le mariage étant l'un des thèmes principaux du film, il était inévitable de retrouver au coeur-même de l'intrigue une famille véritablement digne de ce nom. Et à ce niveau, Denys Granier-Deferre ne déçoit aucunement. Ce film est pour l'auteur/cinéaste l'occasion de dépeindre une galerie de personnages tous aussi atypiques les uns que les autres. D'une patriarche cachotière à l'innocente petite-fille, en passant par deux soeurs ennemies, un mari égoïste et une belle-mère particulièrement odieuse, vous y retrouverez forcément un membre de votre entourage, quoique légèrement caricaturé. Si l'on ajoute à cela un prêtre je-m'en-foustiste au caractère plus qu'exécrable, vous obtiendrez finalement cette Pièce montée totalement chaotique, et en conséquence, jouissive. Car, sur un ton presque identique à son film Que les gros salaires lèvent le doigt !, Granier-Deferre expose avant tout des personnages certes réalistes, mais aussi dotés d'un très grand cynisme. Le mariage apparaît alors comme un exutoire pour l'ensemble du groupe. Chacun vide son sac et règle ses comptes, en sachant parfaitement que la plupart d'entre eux ne seront jamais amenés à se revoir. En ce sens, autant se lâcher. Ni une, ni deux, le prêtre sabote sa propre cérémonie, la belle-soeur s'improvise lesbienne et un étrange corbeau révèle les pratiques libertines (bien évidemment, en-dehors du lit conjugal) de la toute jeune mariée. On croit presque rêver. Il en résulte alors un divertissement total puisque l'on prend plaisir à les voir évoluer, parfois chuter selon les péripéties. Au delà de cette extrême caractérisation, le metteur en scène a surtout eu la bonne idée de faire appel à d'illustres comédiens, ici en parfaite adéquation avec leurs rôles respectifs. Parmi eux, Danielle Darrieux, Jean-Pierre Marielle, Léa Drucker, Christophe Alévêque, Julie Depardieu, Jérémie Renier, Dominique Lavanant, Charlotte de Turckheim, Julie Gayet, Louise Monot et la charmante Clémence Poésy. Une occasion supplémentaire de confronter plusieurs générations d'acteurs, quelques étoiles confirmées avec de plus jeunes comètes. Nul besoin d'insister ici sur leur performance... Tous, sans la moindre exception, se montrent remarquables.
Patience, patience...
Rappelons que Pièce montée est également l'adaptation d'un roman de Blandine Le Callet. Les possibilités de libertés se trouvent de ce fait considérablement réduites. Ainsi, certaines séquences s'avèrent tristement bancales, voire inutiles dans le développement de la narration. On assiste alors à une première partie quelque peu apathique, avec l'inévitable présentation des personnages, quasiment un à un, et ce, sans réelle utilité dans la mesure où la suite du métrage nous en dévoile suffisamment sur chacun d'eux. On citera comme seul exemple ce croisement des plus ennuyeux entre différents individus de ladite famille, à l'intérieur d'un restaurant routier, une heure ou deux seulement avant le début de la cérémonie officielle (coeur du film). Court, mais sans intérêt. Rien de grave il est vrai, néanmoins beaucoup risquent hélas de décrocher très vite, sans se douter qu'une nouvelle vitesse s'apprête à être enclenchée. La patience reste une éternelle vertu. Et ici, elle vaut largement le coup.
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